En bonne saison, on peut facilement faire deux récoltes : un kilo de miel équivaut à un tour du monde !
La récolte du miel

Les butineuses quittent la chaleur de la ruche au soleil levant, elles connaissent l'instant où s'ouvre le cœur des fleurs.
Au bout de leur longue route aérienne les attirent mille calices épanouis dans lesquels elles plongeront à plein corps, ivres de ce nectar qu'elles puisent dans les "nectaires", sorte de glandes où s'amasse une quintessence sucrée de la sève des plantes.
L'abeille pompe ce suc avec sa trompe, qui fonctionne à la manière d'une pompe aspirante, aidée par tout le système buccal.
Le nectar passe alors dans ce jabot de l'abeille, dilué, s'il est épais, par une intense sécrétion salivaire. Il se produit alors dans le jabot une véritable transformation.

A chacun de ses retours à la ruche, l'abeille dépose le nectar ainsi transformé en gouttelettes contre les parois des cellules.
Celles-ci, une fois remplies, sont ventilées (pour en diminuer la teneur en eau), par les abeilles ventileuses, puis elles sont fermées au moyen d'une pellicule de cire assurant ainsi la conservation.
Si l'on analysait une goutte de ce miel, on y trouverait outre cette sève concentrée et spécifique de la fleur, des grains de son pollen signant à la fois son origine et ses propriétés.
L'abeille, pour remplir ce jabot de 2 centigramme de matière sucrée doit visiter environ 150 fleurs. Il faut donc 7 500 fleurs pour récolter 1 g de nectar.
Si les abeilles n'effectuaient par jour qu'un seul voyage, il faudrait 50 000 abeilles pour fournir un kilogramme de miel.

Après concentration du nectar, qui se présente essentiellement sous forme de saccharose (sucre complexe dont le type est notre sucre de table), il se produit une transformation en sucres simples, lévulose et fructose, grâce à une diastase, l'"invertine", qui se trouve dans le tube digestif de l'abeille.
Dans cette transformation, le nectar perd 2/3 de son eau et s'enrichit en acide formique. (cet acide doit son nom au fait qu'il est présent dans le corps des fourmis) assurant la conservation du produit et uni' partie de ses qualités antiseptiques.
On voit ainsi que l'abeille ne se contente pas de butiner le nectar de fleurs.
Elle participe de manière intensive à l'élaboration du miel par l'intermédiaire de ses propres diastases.
On comprend alors que la qualité du miel dépend autant de la fleur butinée que de la bonne santé de l'abeille.

Sur la population complète du rucher, seuls sortent environ deux tiers des sujets, ce qui obligent les butineuses à un grand nombre de voyages. Des recherches ont pu déterminer que, dans de bonnes conditions, une abeille effectue 17 à 30 voyages par jour.
En supposant que les fleurs soient peu éloignées de la ruche et que chaque trajet représente 1 kilomètre (ce qui est peu, les abeilles s'éloignant parfois de leur cité jusqu'à 3 à 7 kilomètres), la butineuse peut faire jusqu'à 20 kilomètres pour rapporter 40 centigramme de nectar.
La récolte d'un kilogramme de miel représente donc un peu plus de 40 000 kilomètres : un véritable tour du monde !