Le plaisir de "faire du miel", cette récolte précieuse dont il faut mener à bien la tranquille conduite
L'apiculteur amateur

Il n'est pas question de développer ici la science de l'apiculture, mais seulement de donner quelques notions essentielles pour ceux qui seraient tentés par ces travaux.
Parfois la tradition se charge de léguer les notions élémentaires d'apiculture, transmettant de bouche à oreille, de père en fils ou par relations de bon voisinage, conseils et expérience.
Pour l'apiculteur amateur qui se sent attiré par cette activité agreste, il existe un certain nombre d'écoles d'apiculture qui initient à la connaissance des abeilles, aux travaux de conduite et d'entretien du rucher. Elles fournissent éventuellement le matériel nécessaire et des ruches peuplées.
Les travaux d'apiculture (déterminés par l'activité des abeilles et le rythme des saisons) ne sont pas très astreignants.
Des ruches bien entretenues nécessitent peu de soins, mais plutôt une vigilance voisine de la tendresse.
C'est pourquoi il faut mettre en garde l'apiculteur amateur : une méconnaissance des réactions de ces insectes est souvent cause de découragement et de crainte, génératrice elle-même de gestes inconsidérés qui incitent les abeilles à se défendre.
L'attitude opposée n'est pas non plus souhaitable : on ne part pas à la conquête du miel avec ce faux courage et l'impunité que pourrait justifier l'abri d'une armure.
La ruche est mieux défendue que le jardin des Hespérides et, plus que d'être dévalisées de leur trésor, ces amazones craignent l'agressivité. Elles aiment qui les aime, qui les approche avec confiance, qui travaille sans gestes brusques.
De même qu'elles connaissent l'humeur du temps, elles perçoivent les intentions de leurs visiteurs.
Vierges guerrières promptes à s'effaroucher, elles n'apprécient, dit malignement la sagesse paysanne, ni les violents, ni les alcooliques, ni les débauchés.
Faut-il en conclure que seuls peuvent s'essayer à l'apiculture les êtres qui ont la confiance de ces petites filles laborieuses ? , oui, sans doute, parce qu'ils auront conscience du travail colossal qu'elles accomplissent, pour que de 10 000 fleurs visitées ne tombe qu'une goutte de miel

Mais à ceux qui auront ce respect il est aussi donné d'aimer, plus que le pillage, les champs et la nature.
Ceux-là auraient pu être pâtres ou poètes, et les abeilles qui ont l'âme virgilienne savent les reconnaître.